La tradition d'Allahva, 19

Publié le par Alda

« Plaf !
- Beurk !
- Plaf !
- Beurk !
- Plaf !

- Beurk ! Beurk, beurk et beurk encore ! Si on m'avait prévenue de ce que serait cette expédition, je ne serais certainement pas venue !

- Allons, mademoiselle la commissaire, fit Julien d'un ton conciliant, ce n'est pas si terrible que cela ! Juste un peu d'eau.

- Et beaucoup de boue ! s'emporta Annie. Je déteste la boue !

L'expédition était en train de traverser un petit ruisseau forestier qui barrait le chemin, et il se trouvait que le fond de ce ruisseau était plutôt vaseux. Ce qui expliquait qu'à chaque pas qu'elle faisait dans l'eau glauque du ru, Annie exprimât à haute voix son dégoût.

- Mais vous êtes sûre que c'est par là, Votre Altesse ? demanda Estaline. Je vois mal vingt générations de souverains jhetupûriens pataugeant dans cette gadoue...

- Le ruisseau est sur le plan, trancha la princesse qui tentait tant bien que mal de tenir son parchemin d'une main, et de relever sa robe de l'autre afin d'éviter de la mouiller. Et il est clairement indiqué que nous devons le traverser pour parvenir à notre but.

- Eh bien, votre princesse Allahva aurait tout de même pu construire un pont ! protesta Annie.

- Vous voulez que je vous porte, mademoiselle la commissaire ? proposa Maximilien sur le ton de la plaisanterie.

- Et puis quoi encore ? » s'indigna Annie. Et elle continua avec résignation ses plafs et ses beurks jusqu'à l'autre bord du ruisseau.

 
« Allez, quoi ! Du nerf ! s'écria Lydia.

- Mais c'est que... fit Ipal. Tu n'es pas légère, ma chérie...

- Comment ça, pas légère ? Insinuerais-tu que je suis trop grosse ?

- Oh non, pas du tout, tu as une ligne parfaite, ma chérie... Parfaite...

- Eh bien, dans ce cas, dépêche-toi ! Tu n'imaginais tout de même pas que j'allais mettre les pieds dans cette infâme vase ?

- Quelle idée aussi, grommela Ipal, de mettre des ruisseaux au beau milieu des chemins !

- Et tâche de ne pas me laisser tomber ! Mon tailleur sort de la teinturerie !

- Oui, ma chérie... »
 
« Julien ! Au secours ! On m'enlève ! »

La voix d'Estaline retentit soudain quelque part dans le sous-bois. Le sang de Julien ne fit qu'un tour; n'écoutant que son courage, il décida de voler au secours de sa bien-aimée.

« Lili ! Où es-tu ! Réponds-moi !

- Juste derrière toi, idiot ! » répondit la voix courroucée de la bien-aimée en question.

Cette réponse un peu rude de la gente dame à sauver ne refroidit en rien l'enthousiasme du preux chevalier, qui fit volte-face en un éclair et découvrit derrière lui la pauvre Estaline, qui s'était pris les pieds dans une espèce plutôt exotique de liane, laquelle, se défendant de toute sa force, avait fini par ligoter l'intruse à la façon des saucissons, résistant hardiment à toutes les tentatives d'Estaline pour se libérer. 

- Eh bien, quoi ! s'égosillait la prisonnière. tu te dépêches, oui ? C'est Bébert ! Il est revenu ! Il ne fera pas de quartier ! Sauve-moi ! Qu'est-ce que tu attends ?

- Une minute, fit calmement Julien, et il sortit son canif, bien décidé à trancher la question.

- Qu'est-ce que tu fiches encore ? demanda Estaline sur un ton peu amène.

- Je te libère, pardi ! c'est ce que tu voulais, non ? répondit Julien, toujours aussi calme, en coupant d'un seul coup de couteau le bras étouffeur du traître végétal.

Estaline fut relâchée aussitôt et chut plutôt brutalement sur le sol. Elle se releva sans tarder et courut vers Julien.

- Tu m'as sauvé la vie ! Tu mérites une récompense...
- Vraiment ? Qu'est-ce que c'est ?
Pour toute réponse, Estaline déposa un léger baiser sur la joue de son sauveur, qui en devint écarlate et se prit à penser qu'à ce tarif, il n'était pas désagréable de voler au secours des demoiselles en détresse. Puis les deux aventuriers rejoignirent le reste de l'expédition, qui s'était arrêté devant un rocher moussu et orné de lianes entremêlées.


Publié dans La tradition d'Allahva

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Z
Fallait mettre des bottes !
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S
Plutôt rigolo ! Surtout les plaf beurk !
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K
c'est vrai que c'est pas mal!!!! bizzzzzzz
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B
Honte sur moi, je prends l'aventure en cours ^_^ Première impression: j'aime vraiment beaucoup ton humour! ;-)
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A
Merci ! Mais si tu prends l'affaire en cours, je tiens quand même à préciser que cette histoire est sacrément réchauffée, elle date de 99, mon humour a (j'espère) un peu évolué depuis.