La tradition d'Allahva, 27

Publié le par Alda

Une heure plus tard, le calme était revenu dans la capitale enfiévrée, et le soir tombait sur les maisons qui commençaient à s'éclairer les unes après les autres. Le palais princier ressemblait à présent à une sombre masse endormie; et rien n'aurait pu faire deviner à un individu nouvellement arrivé qu’on y préparait la plus grande fête de la décennie.

Dans leurs chambres respectives, les membres de l'expédition de délassaient de leur aventure de l'après-midi. La princesse Amida, après avoir enfermé la couronne et le sceptre dans le coffre-fort le plus sûr du pays, le sien, était allée prendre un bon bain chaud afin de redevenir présentable ; quant à Estaline et Julien, ils s'étaient retirés dans leur chambre, et, allongés sur leurs lits respectifs, ils discutaient dans le calme des événements de la journée. 

- En tout cas, fit Julien en s'affalant sur son oreiller, moi, je suis vidé ! Pompu ! Crevé ! harassé ! Et il faudrait encore que j'aille au banquet que la princesse donne ce soir en l'honneur de sa légitimité au trône ? Non, c'est décidé, toute Altesse qu'elle soit, elle se passera de moi. Ce soir, je dors, et aucune force au monde ne saura m'en empêcher !

- Tu es sûr ? demanda Estaline, qui fixait le ciel de son lit, allongée sur le dos. Nous sommes quand même invités d'honneur ! Et il y aura sûrement des quantités de bonnes choses à manger... et moi, j'y vais.

- Ah bon ? s'écria Julien en se redressant brusquement. Dans ce cas.. pour faire plaisir à Son Altesse... j'irai ! Mais tu me réserves la première danse ?

- Entendu, entendu, répondit Estaline en riant. Maintenant, dors, si tu veux ! La réception ne commence qu'à neuf heures. »

Julien ne se le fit pas dire deux fois. Une minute plus tard, il dormait comme une souche de bois. Estaline ne tarda d'ailleurs pas à l'imiter, après avoir ordonné à son réveil de sonner à neuf heures moins le quart, et bientôt, la chambre était complètement silencieuse.

 

Bientôt, après avoir descendu quelques escaliers, remonté d'autres, et traversé d'interminables couloirs qui n'avaient rien à envier au labyrinthe du roi Minos, la commissaire Annie Mallier faisait une entrée remarquée dans la salle de bal du palais, où se trouvait déjà toute la foule de ceux qui avaient mis moins d’une demi-heure pour y arriver.

Guidée par sa remarquable intuition, la nouvelle héroïne nationale trouva tout de suite parmi la foule la princesse Amida, qui avait revêtu, bien sûr, une nouvelle robe plus digne d'être portée lors d'un banquet officiel et qui, entourée d'une nuée de courtisans empressés, tentait tant bien que mal de répondre à toutes les questions de cet essaim bourdonnant. Préférant se soustraire à cet interrogatoire, Annie s'éloigna discrètement de la princesse, s'empara d'une flûte de champagne sur le buffet, et repartit à l'aventure dans la jungle des courtisans, se fiant toujours à son intuition pour se repérer dans la masse. Cette fois, elle estima avoir eu moins de chance, car elle tomba bientôt sur Maximilien, ce dont elle se serait bien passée. Il avait revêtu un costume fort élégant, qu'il assura avoir emprunté à un riche parent de la princesse ( lequel, pour sa part, devait sans doute tout ignorer de cet emprunt ). 

« Tiens ! Annie ! Que vous êtes belle, ce soir !

- Pour la trois mille cinq cent quarante-septième fois, s'emporta Annie, appelez-moi mademoiselle la commissaire et je me passe de vos compliments ! »

Elle allait ajouter encore une remarque percutante, mais Maximilien fut sauvé par le gong, celui qui sonna soudain dans la salle de bal pour faire le silence dans l'assemblée : la princesse Amida allait prononcer un discours. Un garde du corps solidement bâti l'avait soulevée pour la poser sur une table, ce qui était nécessaire pour que tout le monde pût la voir; et ce fut ainsi surélevée qu'elle prit la parole.

Suite

Publié dans La tradition d'Allahva

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Z
Annie va craquer je le sens !
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