La tradition d'Allahva, 6

Publié le par Alda

A l'étage, outre le débarras où Julien et Maximilien avaient trouvé la vieille porte et maints autres composants de la barricade, se trouvaient quelques pièces, dont une salle de bains, que l'on ignora ( à part en ce qui concernait les toilettes qui pourraient se révéler fort utiles en cas de siège prolongé ) , et une petite chambre à coucher inhabitée, pourvue d'un vasistas, qu'Annie élut pour quartier général provisoire. 

Aussitôt, chacun trouva une place à son goût : Estaline et Julien s'assirent sur une table, Maximilien s’installa sur le lit, et Annie prit place sur un petit fauteuil, certes moins confortable que celui de son bureau, mais qu'elle jugeait convenable en ces temps de restrictions.

Aussitôt installée, elle décida, pour le principe et pour respecter les règles, de faire une brève vérification qui prouverait que tout le monde était arrivé sain et sauf à l'étage. Evidemment, les trois autres répondirent présent.

Bientôt, entra dans la pièce l'agent Jean d'Arme 33, accompagné des deux autres agents qui se trouvaient dans le commissariat, à savoir, pour ceux que cela intéresse, les agents Paul Hissier (12) et Sylvain de Vla-les-Fliques (21). Qui furent aussitôt sermonnés par Annie :

" Messieurs, ce n'est pas parce que je ne me trouve pas dans mon bureau habituel que vous ne devez pas frapper avant d'entrer. Ressortez, s'il vous plaît. "

Les trois agents ressortirent de la chambre. Peu après, on entendit un toc-toc-toc à la porte. « Entrez ! » dit Annie, et les agents pénétrèrent de nouveau dans la pièce.

« Nous sommes tous au complet à présent ! dit Annie satisfaite. Mais puisque je vais apparemment devoir m'établir ici, j'aimerais avoir à ma disposition mes dossiers et classeurs... Mais je vais devoir m'en passer, je le crains. Ah ! Si seulement nous pouvions leur donner la statuette, ils nous ficheraient peut-être la paix, ces bandits !

- Ne vous en faites pas ! intervint Maximilien. Qui a dit qu'on ne le pouvait pas ?

Et, d'un geste théâtral, dans la stupéfaction générale, il exhiba le précieux objet à cause duquel le commissariat se trouvait assiégé. Annie sursauta de joie et de surprise sur son fauteuil.

" Vous êtes génial ! s'écria-t-elle. Mais comment avez-vous fait ? 

- Eh bien, je ne serais pas un voleur digne de ce nom si je ne savais pas forcer la serrure d'un coffre-fort. Mais que j'étais génial, ça, figurez-vous que je le savais depuis longtemps !

- Et vous êtes aussi très modeste, dit Estaline en riant. Alors, pour la statue ? On va la rendre aux bandits ?

- J'hésite... répondit Annie, qui semblait plongée dans une intense réflexion. Si seulement j'avais mes dossiers ! Je pourrais savoir qui est cette femme, et en tirer les conclusions qui s'imposent... Mais il est trop dangereux de redescendre... Si cette brute de Bébert aperçoit quelqu'un, il tirera sans sommations !

- Moi, je veux bien y aller, proposa Estaline. Je suis la plus petite de taille ici, je pourrai plus facilement me baisser pour qu'on ne me voie pas...

Ce n'était pas vrai : Julien avait exactement la même taille, et s'il était probable que l'un des deux eût un ou deux centimètres de moins que l'autre, c'était plutôt lui qu'elle ; mais Estaline avait, ce fait est prouvé, l'esprit aventureux, et elle tenait à se voir attribuer la mission. 

- Mais tu cours un très grand risque ! s'exclama Annie. Je suis momentanément responsable de toi, je ne peux pas me permettre...

- Eh bien, laissez tomber les responsabilités cinq minutes ! " coupa Estaline, et elle disparut dans l'escalier.

Annie allait se lancer à sa poursuite, lorsque Julien la retint par la main.

" Mais... fit Annie.

- Ne vous inquiétez pas, assura le jeune garçon, je la connais, moi, et je suis certain qu'elle s'en sortira bien. Elle possède l'art de démêler les situations les plus compliquées !

- Eh bien, si tu le dis, soupira Annie, se rasseyant dans son fauteuil. Mais je persiste à croire que le danger est grand. "

Pendant ce temps, Maximilien, se dressant sur la pointe des pieds, avait ouvert le vasistas, et était en train de se hisser par l'ouverture.

" Qu'est-ce que vous me fabriquez encore, vous ? demanda Annie.

- Moi, répondit Maximilien, je me suis promu au rang de vigie et tout ce que j'essaie de faire, c'est d'observer les bandits d'un poste plus élevé.

- Ma foi, faites comme chez vous ", dit Annie. Quant à elle, elle prit Julien à part et profita de l'absence momentanée de l'intéressé pour informer le jeune garçon des doutes qu'elle éprouvait concernant Maximilien et le cambriolage du palais de l'Orangerie.

Au moment même où elle cessait de parler, on entendit le bruit de la mitraillette de Bébert, et Maximilien se laissa brusquement tomber à l'intérieur de la pièce.

Publié dans La tradition d'Allahva

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
Z
Têtu ce Bebert .
Répondre