Incipit

Publié le par Alda

Bon, vous me connaissez, vous commencez à savoir que l'inspiration me vient toujours aux moments où j'ai le plus autre chose à faire. Cette nuit, je n'ai pas trouvé mieux que de rebondir du lit à minuit pour poser enfin les premières lignes de mon Petit-Projet-deviendra-Grand.

Me voilà donc maintenant, comme si j'avais besoin de ça, avec quatre romans en route : un à corriger (les aventures de Chloé), un à désembourber (Carami), un en jachère (le pays du Mi-Chemin) et un long d'une page et demi que j'ai surnommé pour le moment, faute de mieux, "le livre de Maïlin".
En effet j'ai définitivement choisi de raconter cette histoire à la première personne, jugeant que cela ne me servait à rien d'avoir Maïlin comme personnage principal si elle n'était pas aussi narratrice. N'empêche que je me demande ce que ça va donner ; je ne veux pas que ça ressemble au grand n'importe quoi énonciatif que sont les aventures de Chloé, alors j'ai intérêt à surveiller mes mains et à ne pas les laisser taper n'importe quoi. Et puis, contrairement à Chloé, Maïlin écrira avec un recul d'un an ou deux, elle connaîtra donc la fin dès le début, on sera dans le ton des mémoires plutôt que du journal intime.
Mais ce n'est pas pour autant que je veux assommer mon lecteur avec le récit de tout ce qui est arrivé à cette chère petite depuis sa naissance, et qui n'a rien de franchement palpitant ; et je suis donc à la recherche d'une scène inaugurale qui permettrait de commencer le récit de façon relativement naturelle.

En attendant, je n'ai donc pu poser qu'une vague introduction et, auparavant, un petit passage à la troisième personne qui fera partie du récit-cadre dans lequel s'intègre le livre de Maïlin. Passage que je vous offre ce soir en exclusivité :

La bibliothèque est immense, et drapée de ténèbres, et vide. Le jeune Lileng, qui jusqu’à tout à l’heure faisait le tour des rayons, plumeau en main, et chantonnant tout doucement sa chanson habituelle, a fini son service et s’est éclipsé par la haute porte du fond. Et Maïlin est restée seule, emmitouflée dans sa couverture, sur l’appui de la grande fenêtre dépolie de l’autre côté de laquelle le monde se dissout sous les rafales de neige ; seule avec un bol de soupe qui gèle, une vitre qui s’embue, et un monde qui tourbillonne autour d’elle. 

Il y a écrit « silence » sur les murs dans une demi-douzaine de langues, mortes et vivantes.

Mais Maïlin hurle en silence.

Ses joues s’empourprent, ses lèvres se mordent et ça fait belle lurette que la propreté rigoureuse de son plaid (fourniture de l’intendance impériale) n’est plus qu’un souvenir. La plume qui virevolte dans sa main sème son encre un peu partout, et ne vous y trompez pas, si Maïlin pouvait déployer ses sentiments à un aussi grand rayon que volent les gouttelettes noires sur le fond blanc, elle ne se serait pas embêtée avec un matériel aussi technique. 

Si Maïlin pouvait parler, elle parlerait. Et il y en a un en tout cas qui serait bien étonné.

 

L’avantage du livre, se dit-elle, c’est que je ne verrai pas la tête qu’il fera quand il le lira.

L’inconvénient, c’est que je ne verrai pas la tête qu’il fera quand il le lira...
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
K
Héhéhé, un nouveau travail en vue! N'empêche, l'écriture, c'est comme le dessin, on reconnaitra ta patounette! ^^
Répondre
B
Je vais éviter de te demander la suite... surtout que je risque de ne pas être le seul à le faire ! Il y a des choses plus importantes pour toi pour le moment !  ;o)Mais dès que les oraux sont terminés, va falloir t'y remettre jeune fille ! Parce qu'on ne nous lâche pas aussi aisément en plein incipit !   ^_^
Répondre