En manque
Mine de rien, cela fait six mois (et deux jours) que j'ai clôturé le blog de Chloé Zinalla. Six mois que je n'ai rien écrit, allilallilalorataminazillaminoumimininalalilallo !
- A part mon histoire de jungle évidemment ; mais je vous assure que ce n'est pas la même chose que d'écrire en gardant toujours un oeil sur le compteur de caractères, sans pouvoir se laisser emporter par l'histoire, sans pouvoir s'investir à cent pour cent dans le monde qui emplit votre esprit... Voilà ce qui me manque : c'est d'avoir l'esprit empli d'une histoire. En ce moment, il est empli de révisions, de citations à apprendre, de stress, d'angoisses, de kilos à perdre, de diverses histoires personnelles un peu compliquées - rien de bien passionnant en somme. J'ai un peu l'impression d'avancer en somnambule dans la vie, ce qui n'est pas nouveau, mais au moins avant je me la jouais somnambule qui fait des rêves intéressants.
Je passais des heures à peindre dans mon esprit les décors de mes scènes, à imaginer jusqu'à la moindre expression des acteurs. J'inventais des dizaines et des centaines de motivations et d'arrière-plans qui ne paraîtraient jamais nulle part dans l'histoire, mais qui faisaient vivre mes personnages presque autant que moi. Je dessinais toutes les scènes qui me paraissaient vaguement dessinogéniques ; comme mes feuilles de croquis ont toujours tendance à finir à la corbeille au bout d'un jour ou deux, je les dessinais même cinq et dix fois !
Tous les soirs, avant de m'endormir, je réfléchissais à ce que j'allais écrire, le lendemain ou dans dix ans ; je notais des répliques sur les coins de mes feuilles pendant les cours ; et surtout j'ECRIVAIS bon sang !
Les heures que je passais à martyriser ce malheureux clavier, qui maintenant ne me sert plus qu'à faire état de mes états d'âme sur un blog comme n'importe quelle narcissique de base...
En 2004, pour des raisons qui m'appartiennent, j'ai décidé de faire Carême : quarante jours sans écrire ni dessiner. Ce furent les quarante jours les plus stressants de ma carrière, même si le fait que c'étaient aussi les quarante derniers jours avant les écrits du concours de l'ENS y fut sans doute pour quelque chose. Dans tous les cas l'état de manque y était.
Et là, je viens de passer six mois sans ajouter une ligne à mes histoires...
Le pire, c'est que je ne sais même plus si je serais encore capable d'écrire comme avant, avant de connaître Internet et ses milliers d'autres apprentis-écrivains avec les mêmes angoisses et les mêmes interrogations que moi, avant de connaître le niveau de la concurrence et de découvrir que je n'étais qu'un petit poisson dans le banc. Quand je me croyais unique.
Je me demande à quoi ça va ressembler quand je vais en avoir fini avec cette horrible année (ou ces deux horribles années, en cas de malheur) d'agrégation et que je vais me retrouver face à face avec une histoire en rade depuis tout ce temps.
Mais quand même, ça me manque sacrément...
- A part mon histoire de jungle évidemment ; mais je vous assure que ce n'est pas la même chose que d'écrire en gardant toujours un oeil sur le compteur de caractères, sans pouvoir se laisser emporter par l'histoire, sans pouvoir s'investir à cent pour cent dans le monde qui emplit votre esprit... Voilà ce qui me manque : c'est d'avoir l'esprit empli d'une histoire. En ce moment, il est empli de révisions, de citations à apprendre, de stress, d'angoisses, de kilos à perdre, de diverses histoires personnelles un peu compliquées - rien de bien passionnant en somme. J'ai un peu l'impression d'avancer en somnambule dans la vie, ce qui n'est pas nouveau, mais au moins avant je me la jouais somnambule qui fait des rêves intéressants.
Je passais des heures à peindre dans mon esprit les décors de mes scènes, à imaginer jusqu'à la moindre expression des acteurs. J'inventais des dizaines et des centaines de motivations et d'arrière-plans qui ne paraîtraient jamais nulle part dans l'histoire, mais qui faisaient vivre mes personnages presque autant que moi. Je dessinais toutes les scènes qui me paraissaient vaguement dessinogéniques ; comme mes feuilles de croquis ont toujours tendance à finir à la corbeille au bout d'un jour ou deux, je les dessinais même cinq et dix fois !
Tous les soirs, avant de m'endormir, je réfléchissais à ce que j'allais écrire, le lendemain ou dans dix ans ; je notais des répliques sur les coins de mes feuilles pendant les cours ; et surtout j'ECRIVAIS bon sang !
Les heures que je passais à martyriser ce malheureux clavier, qui maintenant ne me sert plus qu'à faire état de mes états d'âme sur un blog comme n'importe quelle narcissique de base...
En 2004, pour des raisons qui m'appartiennent, j'ai décidé de faire Carême : quarante jours sans écrire ni dessiner. Ce furent les quarante jours les plus stressants de ma carrière, même si le fait que c'étaient aussi les quarante derniers jours avant les écrits du concours de l'ENS y fut sans doute pour quelque chose. Dans tous les cas l'état de manque y était.
Et là, je viens de passer six mois sans ajouter une ligne à mes histoires...
Le pire, c'est que je ne sais même plus si je serais encore capable d'écrire comme avant, avant de connaître Internet et ses milliers d'autres apprentis-écrivains avec les mêmes angoisses et les mêmes interrogations que moi, avant de connaître le niveau de la concurrence et de découvrir que je n'étais qu'un petit poisson dans le banc. Quand je me croyais unique.
Je me demande à quoi ça va ressembler quand je vais en avoir fini avec cette horrible année (ou ces deux horribles années, en cas de malheur) d'agrégation et que je vais me retrouver face à face avec une histoire en rade depuis tout ce temps.
Mais quand même, ça me manque sacrément...